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Alexandre BLAISE, Courrier de l’Ouest, 04/07/2019

Pendant deux semaines, seize collégiens continuent de pousser les portes de Jeanne-d’Arc. Ils y apprennent l’anglais de manière ludique auprès de deux jeunes étudiantes irlandaises.

Ils sont bien, là, ces adolescents. Le soleil chauffe, légèrement. Le vent chahute les cheveux. Et, au piano, un jeune s’essaye à jouer « Fly », de Ludovico Einaudi, l’une des musiques du film « Intouchables ». Difficile à croire, mais pour eux, il n’est pas encore venu le temps des vacances. Il s’agit d’une simple récréation. Il est bientôt 11 heures, ce mercredi, et oui, ça bosse encore, au collège Jeanne-d’Arc, à Cholet. Au moins dans ces deux salles, d’où s’échappent, le matin, des mots tels que « roast beef »« pork » et autres « burgers ». Ici, on parle anglais, et c’est bien normal : pendant deux semaines, ces seize élèves de 6ème et 5ème ont fait le choix de suivre des cours afin de maîtriser, au mieux, la langue de Shakespeare. Et pas un ne fait la tête. Faites le test. « On est mieux là que de passer la journée à jouer aux jeux vidéo », lance Augustin, 12 ans. « Surtout qu’on est tous ensemble », glisse Lou, 13 ans. Si ces adolescents ont la banane, c’est parce qu’ils suivent des cours d’un autre genre. Les profs s’appellent Fiona et Clodagh, ont 22 ans, sont Irlandaises et ne parlent (presque) pas un traître mot de français.

« Pas d’explications en français »

Mine de rien, c’est un gros point positif pour Sophie Pouplin. Cette choletaise est à la tête d’Avendo, entreprise qui rime avec jeunes et séjour linguistique. C’est elle qui a fait le lien entre Jeanne-d’Arc et les deux Irlandaises. « Elles sont encore étudiantes, pose l’intéressée. Par l’intermédiaire de l’organisme Living language, elles sont formées à enseigner l’anglais. Il n’y a pas d’explications en français, c’est ce qui change. Mais elles se font très bien comprendre. Je suis surprise par la vitesse à laquelle les jeunes se sont pris en main. »

Il faut dire que Fiona et Clodagh y mettent du sien. Ici des jeux et du chant, là du vocabulaire et du football gaélique. En toile de fond, de l’oral. Beaucoup d’oral. « C’est la meilleure façon d’apprendre, sourit Clodagh, venue de l’université de Marino, à Dublin. Quand j’étais à l’école, c’est de cette façon que j’ai appris l’irlandais. L’été, je faisais comme ces élèves ! »

Utile pour regarder Netflix

Pour Sophie Pouplin, l’objectif est tout trouvé : « Leur donner envie d’apprendre la langue mais aussi de leur donner confiance, de faire en sorte qu’ils osent lever la main », explique Sophie Pouplin. L’envie, justement : les seize collégiens en débordent. « On adore l’anglais ! », rigole Clara, 13 ans et en 5eme. À ses côtés, Luna opine du chef : « C’est important pour se faire comprendre, on en aura besoin plus tard. » Plus tard et même maintenant. « À la maison, la condition pour regarder Netflix, c’est de regarder les films et séries en version originale, sous-titrés en français », raconte Nathan, qui n’est pas le seul dans le cas. Ça mérite bien de sacrifier quinze jours de vacances.